vendredi 12 décembre 2014

LA PORTE DU CIEL

"Vivre aussi longtemps que le ciel et la terre 
Durer aussi longtemps que le métal et la pierre "
Le poète Han parcourt l'univers en quête d'immortalité
 Les immortels sont les hôtes des montagnes, le corps couvert de plumes avant d'atteindre la sagesse et d'avoir des ailes ...Ils ont de grandes oreilles
"En bas les gouffres béants sont sans fond , en haut l'immensité est dans le ciel"
Dans les tombes ces textes gravés sur les murs matérialisent le passage de la transformation qui fait le rythme du monde , un trait d'union entre les deux vies
L'immortel est représenté comme un homme et une montagne ( idéogramme chinois) la montagne signifie" s'élever comme une vapeur légère" et dans les montagnes poussent des arbres aux fruits miraculeux qui confèrent l'immortalité!!
Ce besoin de survivre est encore très fort au IIIème siècle av JC en Chine sous la deuxième dynastie unifiée des HAN  et c'est dans les tombes des Princes que les pièces les plus prestigieuses ont été retrouvées  sous la protection dès l'entrée d'animal fabuleux 
Comme à l'entrée d'ailleurs de l'exposition proposée au Musée Guimet ces jours derniers  dans le cadre du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques  entre la Chine et la France
Des prêts exceptionnels de (500 objets dont 67 trésors nationaux )
Telle  cette cuirasse de jade pour affronter la mort (une des 12 connues )
Celui du Prince de CHU mort en - 174
4284 plaques de jade blanc tirant sur le vert aux tons subtils , reliées par des fils d'or (1.575kg)
il mesure 176X 168
L'imputrescibilité de la pierre se transmet au corps qui le porte!
 Le coût exorbitant de ce linceul de jade ne résistera pas à la dégradation de la fin de la dynastie et un édit abolira cette pratique même pour les Princes
Au pas ailé des chevaux élégants pourtant choisis pour les traversées arides des déserts du Nord pourchassant les nomades et les envahisseurs et assurer la paix cela pendant les quatre siècles suivant ,









Cavaliers - coursiers  modèles réduits retrouvés dans les tombes


Voiture légère de parade  suite de l'Empereur 





L'artisanat et le commerce se font concurrence entre eux et avec les ateliers impériaux
Vase en bronze FU pour cuire les aliments























   Bronzes des Cloches et Carillons des monastères    Soies des vêtements les plus simples ou utilitaires Arts du divertissement par les musiciens présentés comme un orchestre
                                          

Jeux de société ici les joueurs de Liubo figés dans des gestes de disputes autour d'une stratégie


Mouvements gracieux et touchant d'une danseuse et la sensation d'élégance par la torsion du corps et des bras jouant avec les longues manches


Travail de finesse réaliste dans ces figurines qui suivent le défunt , et parviennent jusqu'à nous  au- delà des siècles grâce à cette quête d'immortalité née avant que le taoïsme ne soit structuré en école de pensée dans son émouvante réalité du quotidien des Han

Et la gentillesse  attentive pour les renseignements et la prise de photo dans ce calme Musée ,car bien sûr il y a des cartes et des brochures mais les objets en situation même aléatoire ont une saveur plus intense

( ce qui n'est pas le cas au Musée Maillol où le cerbère de service n'a rien à envier aux" Borgia "qu'il croit défendre des attaques de votre serviteur !! mais c'est une autre histoire )

7 commentaires:

  1. ah les danseuses Han ! une merveille
    mais merveille aussi la divinité qui ouvre, que je ne connaissais pas (ni lui ni rien qui lui ressemble)

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    1. Curieux personnage aux grandes oreilles pour entendre les voix célestes? et les petites ailes qui poussent au fur et à mesure de la sagesse bien des légendes peuvent s'y accrocher c'est très beau Il faudrait savoir lire les poètes chinois....
      Quant à la seule danseuse présentée elle offre un visage très tendu dans l'action
      Le plus étonnant c'est la vivacité des gestes sur toutes les figurines
      Quel talent !

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  2. Ce n'est guère facile de photographier des objets enfermés dans des vitrines. Félicitations pour avoir si bien contourné les difficultés de la prise de vue et remerciements à la direction du musée Guimet qui les autorise (les photos, pas les difficultés :))
    Merci pour ce passionnant reportage qui me donne envie de braver le vent et la pluie (qui balaient Paris et ses alentours en ce moment) pour aller voir ces Splendeurs des Han.
    L'Immortel a une drôle de figure, lippue et féline à la fois. La forme arrondie du creux entre ses genoux me fait penser qu'il pourrait avoir servi de support à un objet (long et cylindrique à la base) que ce personnage maintiendrait entre ses mains et ses genoux...
    Quant aux joueurs de Liubo, ils me font penser à la fois aux joueurs de cartes de Cézanne et à ceux de Pagnol :
    Panisse (impatient)
    "Eh bien quoi ? C'est à toi !"
    Escartefigue
    "Je le sais bien. Mais j'hésite..."
    :-))
    Bon week-end, Arlette

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    1. Et , ton attention se porterait sur d'autres choses que j'ai négligé puisque nous sommes différents d'où la diversité des commentaires qui font rebondir
      Cet immortel si curieux devait peut-être tenir un instrument de musique !! parfois même les chercheurs restent dans l'incertitude ce qui laisse place à l'imagination
      Amusant ta comparaison " Pagnolesque " je n'y avais pas pensé

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  3. Jouan Tsi (210-263)

    Le mont des Immortels se dresse au sud-est ;
    La rivière Fen jaillit de son adret.
    Six dragons tirent "le char des souffles"
    Un dôme de nues pour déchirer la loi du Ciel !

    Quatre ou cinq hommes-montagne
    S'ébattent dans une chambre d'orchidées.
    Le souffle de leur sommeil est pure harmonie :
    Inspir de givre, expir de rosée.

    Ils se baignent aux gouffres de cinabre,
    Irradient de soleil et de lune.
    Comment rejoindre la "terrasse magique",
    Nager ensemble dans les hauts tournoiements

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  4. Petite explication pour ce poème :
    Le "char des souffles" est le creuset de toutes les énergies cosmiques, mises en branle par les "six dragons" ou les six traits yang du premier exagramme du Yi king, l'échelle du ciel.
    La "terrasse magique" désigne à la fois l’observatoire astronomique de l'antiquité et le cœur-esprit selon Tchouang-tseu : "La terrasse magique a un directeur que nul ne connait, si bien que nul ne peut la diriger"

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    1. Ah!! le yi king je dois avoir ce livre (parfois hermétique) sur mes étagères
      Et le mystère demeure ...
      Merci Bernard pour ce beau et trouble poème et le Dragon - Immortel des Han est très inspiré des souffles cosmiques captés par ses grandes oreilles !

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